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Quand c'est noir, c'est que c'est cuit!
13 décembre 2007

Abracadagar-agar !

Une des merveilles à la mode en ce moment, c'est ce gélifiant fait à base d'algues appelé drôlement agar-agar. Pourquoi deux fois agar? Serait-ce dû à son pouvoir agglutinant hors normes? Ou à la fantaisie de l'apprenti chimiste qui a eu un jour l'idée de faire cuire ses algues jusqu'à plus soif, jusqu'à obtenir un amalgame gluant du plus bel effet? Probablement un malheureux après une séance de torture au cours de laquelle on lui aurait arraché la langue, qui aurait trouvé une occupation distrayante à faire cuire ses algues, et qui a appelé un copain pour admirer le résultat, lui enjoignant illico: "Agar, agaaar, 'est tout co'é! (comprendre "Regarde, regaaarde, c'est tout collé!"). Ebahi, le copain aurait opiné du bonnet et répondu: "Pour cha oui, ch'est co-co-collé, cha-cha-cha, même", tout en esquissant un pas de danse accompagnant sa remarque, car lui n'avait pas subi de torture mais était d'origine auvergnate et affligé d'un bégaiement prononcé dans les moments d'intense excitation. Les deux amis ayant ainsi créé l'agar-agar et le cha-cha-cha le même jour, firent fortune rapidement, d'autant qu'ils inventèrent aussi l'ylang-ylang, vendu fort cher aux parfumeurs. Ce qui ne leur porta pas chance, car à force de se nourrir de confiseries gélifiées sans consommer les obligatoires cinq fruits et légumes par jour, ils périrent du béribéri peu de temps après. Tournons cette page instructive, et revenons à nos moutons, ou plutôt à cette poudre magique inoffensive, je m'empresse de le préciser. S'il prenait à quiconque l'envie de se faire un rail d'agar-agar, je crois qu'il n'aurait plus de problème de sinusite jusqu'à son trépas (qui ne saurait tarder, car si on sniffe de l'agar-agar, on passe vite à la cannelle, puis au curry fort, et ça finit très mal). Les instructions glanées de ci de là semblaient indiquer des proportions absolument invraisemblables à la béotienne culinaire que je demeure malgré de louables efforts et de réels progrès effectués depuis quelques temps. Maintenant, je lis les recettes en entier avant de commencer, par exemple. Mais peser trois grammes et demi de poudre pour faire prendre douze litres de liquide, ça dépasse de très loin mes capacités intellectuelles. Oui, on sait, les reines des fourneaux et de la Toile réunis clament combien cette poudre de perlimpinpin est efficace et vantent ses qualités agglutinantes. Me méfie, moi. Moi qui ai très rarement regardé le petit écran dans mes jeunes années (pour cause de téléviseur lunatique, des fois il captait les ondes, des fois non, et aussi d'interdiction jovienne), j'ai gardé en tête l'image de ce monsieur qui donnait de grands coups de coude dans des sacs de noisettes afin d'en rajouter dans les biscuits vantés par la réclame (certainement saturés de conservateurs, colorants, anti-oxydants et exhausteurs de goût, mais ne chipotons pas). Donc j'ai une certaine tendance à en rajouter, de plus je n'aime pas être chiche. J'ai ainsi entrepris de réaliser un dessert à base d'agar-agar. J'ai ainsi pu recycler des biscuits réalisés avec enthousiasme par Pi, Ma et Li, puis une fois goûtés, délaissés "parce qu'ils piquent!". Le gingembre rajouté à la cuillère à soupe, ça peut donner effectivement, un léger goût un peu fort, mais ils sont bien délicats tout de même. J'avais donc une livre de biscuits à brader, qui a fini au fond du robot hacheur, afin de fabriquer la base d'un gâteau. Jusque-là, pas de souci. Les miettes mêlées à du bon beurre, tout ça au four, et hop, une belle fondation pour mon gâteau, sagement installée au fond de mon fameux moule à jarretelle. Ensuite, il a fallu fabriquer la mousse, avec du fromage blanc et du citron, que j'ai remplacé par du coulis de framboises car rose, c'est plus joli. Et je m'étais dit qu'étant la seule à aimer le citron, je devrais encore engloutir un gâteau pour huit toute seule, alors autant choisir un parfum qui réunisse les suffrages. Ensuite, il fallait jouer avec des feuilles de gélatine, que je me suis empressée de remplacer par ma poudre de sorcière. J'ai donc mis je ne sais plus quel liquide à bouillir (de l'eau, je suppose), et une bonne cuillère à café d'agar. Bof, ça ne fait pas lourd de préparation, ça. Allez, une deuxième cuillère. Et puis encore une miette, en versant directement depuis le goulot du flacon. Une fois le mélange bouilli et laissé sur le feu un moment (ah! je suis quand même quelques conseils, je ne fais pas uniquement dans l'improvisation joyeuse, c'est sérieux), je l'ai laissé un peu froidir avant de mélanger au fromage blanc. Passons les étapes, le tout est parti recouvrir le biscuit, et au frais. Quelques heures plus tard, j'ai fait bouillir de la confiture de fraises avec encore de l'agar, que j'ai versée sur la mousse pour fabriquer un joli dessus brillant. Et encore quelques heures de réfrigération. Le soir, j'ai solennellement sorti le moule à charnière du réfrigérateur, et tâté d'un doigt circonspect la solidité de mon chef-d'œuvre. La confiture restait souple, mais visiblement gélifiée. Bien solide, d'ailleurs. J'ai sorti un plat un peu large afin d'y déposer le fruit de mon labeur, ai posé au centre le moule, et là, devant les yeux écarquillés de ma progéniture, goguenards de ma moitié, j'ai ouvert la charnière. Glou, glou, glou. Le fromage blanc, tel de la lave dévalant souplement les flancs du volcan, aussitôt libéré du corset du moule, a lentement formé un lac rose autour de la base en biscuit. Le vaillant couvercle en confiture a parfaitement tenu, lui, et joliment improvisé une calotte sur le sommet de l'œuvre. Après tout, c'était du fromage blanc, on l'a ramassé à la cuillère une fois la rigolade terminée, et les biscuits hachés menu et recuits ont été mangés par mes innocents sans qu'ils sachent d'où ils provenaient. IMG_4097 Le mystère reste entier, à moins d'une incompatibilité d'humeur entre l'agar et le fromage blanc, car la casserole ayant servi à faire bouillir la poudre d'algues a traîné trois jours dans l'évier avant que je ne réussisse à gratter la couche solidifiée qui s'était formée au fond.
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Commentaires
A
héhé..moi je trouve ça bien joli.... j'ai acheté de l'agar agar mais je ne sais plus où je l'ai mis.....<br /> peut être un signe du destin....??
P
Eh, les filles, c'est gentil de vous inquiéter, mais je souffle! Et Fraisepêche qui fait semblant de croire que je suis malade... <br /> Non, Vivement, le retour en France est pour juin prochain, faudra que je commence un autre blog! ("café bouillu, café foutu", par exemple, je cherche!)
V
Vous êtes revenus en France ou quoi ? <br /> On dit toujours, pas de nouvelles, bonnes nouvelles ! Hum! Je l'espère ! <br /> Bonnes fêtes de fin d'année à tous ! Et à très bientôt j'espère !
F
Pas de nouvel article depuis neuf jours! T'es malade? C'est la trève des confiseurs?? Joyeux Noël à toute la famille Pimali !
S
pas simple de trouver ici de l'agar-agar si ce n'est en petits sachets de 2g! qui valent plus que leur prix en or! alors, vive la NZ!!
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