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Quand c'est noir, c'est que c'est cuit!
29 novembre 2007

L'envers du décor ou tout ce que Nadine de Rotschild vous cache

Au menu: timbales de courgettes au saumon, suivies d'un bœuf bourguignon, d'un plateau de fromages, pour terminer par un roulé à la fraise ou, tiens, une crème renversée au caramel. Voilà ce que j'arrive à concocter, en invitant des personnes différentes à chaque fois, menu qui peut me durer quelques mois sans me creuser trop la cervelle. Mais là où le bât blesse, c'est lors de l'élaboration de tous ces petits plats savoureux. En effet, lorsque les invités arrivent, le salon est accueillant, les couvertures destinées à protéger les canapés beige inconsidérément achetés par Monsieur P. quand j'avais le dos tourné, ont disparu, un fumet appétissant flotte, des bougies sont allumées, reflétant leur flamme dans le ventre bombé des flûtes à champagne disposées sur la table du salon, à côté de petites bricoles apéritives fabriquées maison. Le couvert est déjà mis, quelques roses du jardin dans un vase, la musique d'ambiance flatte l'oreille sans l'agresser, et les enfants sont éjectés à l'étage, une fois gavés de pizza, laissés à regarder un film avec mission d'être invisibles (et inaudibles) et ils auront du dessert demain. La maîtresse de maison, coiffée et maquillée discrètement, arborant des frous-frous fleurant bon une maison de parfum française, accueille les hôtes avec le sourire, l'air reposé et ravi. Moi. Sauf que. Le scénario habituel se déroule ainsi: le matin du grand jour, consultation des recettes et élaboration de la liste de courses. Dans l'ordre des rayons du magasin, on est organisé ou on ne l'est pas. Ma pâte à pain est prête dans son saladier, je décolle. La majorité des denrées achetées, tour dans le deuxième établissement où j'ai l'espoir de trouver quelques ingrédients essentiels en rupture de stock dans le premier supermarché. Tout ça en courant pour éviter que ce qui mijote dans le coffre ne pourrisse pas irrémédiablement avant le retour vers la maison et le réfrigérateur. Ça y est, tout est là, il est déjà … oulàlà! Midi! Et je n'ai encore rien fait! Déballage express des quarante sacs pleins, et c'est l'heure d'aller récupérer Li à son kindergarten. Pas le temps d'aller chez le coiffeur, de toute façon c'est un rêve que je caresse à chaque fois, inaccessible et incroyable, comme de gagner au loto. Une fois mademoiselle récupérée, puis nourrie d'un bol de nouilles et d'un yaourt, je me mets au travail. Monsieur P. me fait la grâce de ne pas rentrer déjeuner, il sent le vent du boulet, et ces jours-là, je ne le vois pas. Une fois les timbales de saumon préparées, je me retrouve à la tête d'une cuisine fleurant le poisson, en compagnie du parfum du bourguignon qui mijote. Il est déjà trois heures, je cours chercher Pi et Ma à l'école, laissant derrière moi un chantier innommable. Le saumon est gras et juteux, avec un peu de chance j'ai laissé tomber le plastique côté beurre par terre, les ciseaux de cuisine dérapent dans les mains et gisent au fond de l'évier. Les moules à timbales les côtoient, par-dessus s'empilent la poêle qui a servi à cuire les courgettes, la râpe qui les a râpées, la planche à découper les courgettes, la deuxième planche pour débiter la viande à bourguignon, les trois couteaux de taille croissante que j'ai utilisés car les deux premiers ne coupent plus rien, les deux saladiers dans lesquels j'ai préparé la pâte à pain, les six cuillères en bois qui ont servi à ces diverses préparations. Il y a de la farine sur le plan de travail, la plaque de cuisson est couverte de projections d'huile, de beurre, des petits bouts de courgette se sont sournoisement échappés et me narguent, collés à mort sur les trucs à gaz, ou, par terre, n'attendent que mon pied pour me faire effectuer un triple axel sur le carrelage. Je parlemente avec le four pour qu'il atteigne les 240° nécessaires à la cuisson du pain: "Tu vas chauffer, bourrique? Une demi-heure, tu mets une demi-heure pour arriver à 200°, tu crois que j'ai des actions chez Meridian-Energy?". Je finis toujours par: "Saleté de four". Ça dégage bien. Je convainc mes enfants avec la tendresse d'une mère attentive d'aller jouer dans leurs chambres : "Vous allez me débarrasser le plancher, oui? Nan, vous n'avez pas besoin de goûter, filez, ou bien emportez du chocolat et du miel dans vos chambres, disparaissez, je ne veux plus vous voir!" J'appelle Monsieur P. au bureau pour m'assurer qu'il va bien "Alors? Tu rentres, oui? Faut que t'achètes du vin, du lait, de l'huile, deux kilos de farine, y'a plus de sucre, grouille! Quoi? C'est moi qui ai la voiture? Et alors?" Ayant ainsi disposé des bonnes volontés des uns et des autres, je me replonge dans mes recettes. Remplies de fallacieuses indications du style "faire blanchir les jaunes avec du sucre", ce qui donne toujours chez moi un mélange jaune. Blanchir est-il un terme totalement dénué de connotation visuelle? Ou est-ce la coquille qu'il faut employer? Une fois Monsieur P. docilement rentré, je le charge de quelques menues tâches allant de la direction du cheptel (doucher les enfants et les bourrer de la pizza précitée) à l'élaboration du plateau de fromages. Le compte à rebours a commencé. Le couvert n'est pas mis parce que la nappe n'est pas repassée. Oui, pour de graves questions de gestion de mon temps libre, le linge à repasser est stocké dans un sac qui prend des allures de balle de coton, en général quand il est mûr il tombe du dessus du lave-linge où je le case, loin de ma vue. Repassage accéléré, puis couvert mis en courant. "Aaaaaahhh! Mes bouchées pour l'apéro! " -Quoi? Tu n'as pas fait d'apéro? (Monsieur a le sens de l'à-propos dans ces situations d'urgence). - Flûte, flûte, flûte (pour le confort de lecture, j'ai remplacé le terme plus scatologique employé dans ce cas), pousse-toi de là, où est ma plaque? Evidemment, ma plaque de four trône au sommet de la pile de vaisselle sale qui commence à déborder de l'évier, impossible à laver car sinon l'eau, qui ne peut atteindre le fond directement, rejaillit de tous côtés jusqu'à la table de la cuisine. Tant pis, je lave et j'éclabousse. - T'as vu l'heure? J'avale un début d'étouffement de rage, et répond en grinçant des dents: "Prépare plutôt le salon!". Suivent un certain nombre de sollicitations "Comment tu enlèves les couvertures? (en les tirant, c'te question!) Oui, mais comment tu fais ensuite? (tu les plies, t'as fait l'armée, non?) Où je les mets? (en boule dans l'escalier, on s'en fiche, y'a plus le temps!) On met quels verres? (On a dit qu'on buvait du champ', tu veux préparer des cocktails ou quoi?) Y'a une tache (non mais et puis quoi encore?)". En général, j'ai fait le dessert d'avance; en cas de crème caramel ou de tarte Tatin, j'ai en plus, dans ma collection de vaisselle sale, la casserole à caramel, qui a invariablement cramé et devra tremper trois jours avant que je ne me décide à faire bouillir de la Javel pour récupérer mon ustensile. - Il est l'heure, je vais me changer!, annonce Monsieur benoîtement, alors qu'échevelée, la sueur au front, couverte de taches malgré le tablier qui de toute façon, faute d'être attaché, n'a servi à rien, je m'escrime à décoller mes bouchées apéro de la plaque parce que, distraite par le feu roulant de questions, j'ai un peu oublié que le four, une fois chaud, a tendance à chauffer de plus en plus. En grattant un peu, je récupère la majorité de mon œuvre. Ventre à terre, je cours me changer, un pchitt de parfum pour couvrir l'odeur mêlée de saumon -courgettes-oignons-lardons-caramel-fromage-produit vaisselle-coulis-de-fraises, selon le menu établi. Démélage express avec le pchitt pour rendre lisse et brillant (c'est marqué dessus), du truc sur les yeux avec un petit coup de brosse à cils dans l'œil parce qu'il n'y a pas de raison d'éviter ça aussi, quelques vêtements qui ne soient pas des haillons et hop! Toc toc toc, les voilà! Et retour à la description du départ. Et ce qu'il y a de bien, c'est qu'ainsi, je peux trier mes invités: pas de deuxième tour pour ceux qui chipotent, laissent du foie gras sur le côté de l'assiette ou picorent parce qu'ils sont au régime. Quand on vient chez moi, on mange. Sans discuter.
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Commentaires
P
Noir total sur le sujet... Quel dommage! et on a survécu à un truc pareil?
N
Désolée, Fafan, un telle chose ne s'oublie pas!! J'ai en tête le souvenir jubilatoire du même tour joué voilà bien longtemps à nos parents... A environ une minute de l'heure suppposée d'arrivée des invités, elle cherchant son rouge, lui se coletinant avec sa cravatte, la tête pensante et ainée des enfants (pas moi!) a proposé de faire retentir la sonnette... On est sorti dans le jardin, avons ouvert la porte... et observé le résultat. "Ils arrivent!" Ont suivi un sprint vigoureux à travers le rez de chaussée puis une foulée légère mais vive (4 à 4) vers le haut de la maison pour échapper à la ire paternelle... qui de toute façon ne pouvait s'assouvir, vu que le noeud de la cravatte était à revoir, les glaçons de l'apéro encore au congèle, et tout et tout... Quel bonheur d'être enfin un peu vaurien! Pour une fois!La source du pur plaisir. Non, Fanfan, ça ne s'oublie pas... Demande à Pimali!
F
Tout ça me rappelle un soir où j'avais un peu de retard, 19h :les amis devaient arriver vers 19h-19h30...un coup de sonnette, je me précipite vers la salle de bain... mon mari vers la porte... c'étaient mes trois loustics qui - sentant le stress de leurs parents - avaient marrant de nous jouer ce tour. On n'avait pas apprécié! Ils ont peut-être oublié, pas nous!
B
Coucou Pimali !<br /> Effectivement, on est beaucoup à se reconnaître dans ton récapitulatif de journée pré-invitation ! Post-invitation, c'est pas mal non plus quand il faut tout ranger et remettre tout en ordre !<br /> Bizz
B
Pardon,pardon,pardon......et encore pardon!Vous pas me tapper! C'est vraiement des "........" pareils? Pas de confit? Dire que c'etait mon petit dîner avec petit dernier adoré qui aime toutmêmeleslégumesdumomentqu'ilyadurôtiouduconfitmaislefoiegrasçalefaitaussi.Bon ,là pâtes ou PDT même combat tout fait ventre . Au fait : le confit de kiwi ? Si on te livre quelques kgs de graisse d'oie ou de canard sur une plage déserte........Bon on ne va pas relancer la polémique .<br /> Amitiés<br /> Bénédict.
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