14 octobre 2007
Une belle histoire: pan sur le bec!
Il était une fois, dans un pays lointain, des petits oiseaux tout mignons, au long bec et à la plume soyeuse, malheureusement privés d'ailes pour survoler leur beau pays. Tristes de devoir rester au ras du sol à grignoter ce qu'ils trouvaient en fouissant sous l'herbe grasse de leurs vertes contrées, ils se mirent à inventer de plus en plus de petits plats pour se consoler de leur malheureuse condition. Les petits oiseaux tout mignons, qui avaient bien travaillé pour se construire de jolis nids de paille pleins de courants d'air, mangeaient de plus en plus de délicieuses petites choses, des asticots panés, des feuilles bien vertes frites, des céréales de toutes sortes enrobées de bon sucre, et cela sans s'arrêter de toute la journée.
Et il arriva ce qui devait arriver : beaucoup de petits oiseaux tout mignons devinrent de gros oiseaux lourds, mais mignons quand même.
Un jour, un des petits oiseaux tout mignons découvrit qu'il y avait d'autres pays habités par des oiseaux très différents: grâce à un gros volatile de fer, le petit oiseau tout mignon arriva au pays du coq tricolore. Celui-ci l'accueillit avec plaisir et comme il était gentil et attentionné, il fit manger au petit oiseau tout mignon, qui était une oiselle, les spécialités de chez lui. La petite oiselle n'en revenait pas, elle ne savait pas qu'on pouvait manger autre chose que des asticots frits et salés.
Elle se mit à avaler des quantités de bonnes choses, celles que le coq ne mangeait que de temps en temps car il savait que ce n'était pas bon pour sa taille élancée, mais l'oiselle, elle, en fit ses délices. Elle en profita, attablée aux meilleures mangeoires du coq, pour observer les poulettes et toute la basse-cour, et constata que les habitants du pays restaient minces malgré les céréales Thermidor, les asticots Rossini et les fruits à la Condé.
Une fois revenue dans sa verte contrée, l'oiselle, qui avait une jolie plume, rédigea un article pour un magazine de cuisine, racontant ses aventures et expliquant pourquoi les coqs restent beaux et minces, alors que les petits oiseaux tout mignons étaient devenus gras et lourds.
Elle expliqua notamment que les coqs et les poules ne mangeaient pas entre les repas, qu'ils s'asseyaient pour manger et prenaient leur temps pour déguster, exprimant un étonnement sans pareil.
Une poulette tricolore qui vivait au pays des petits oiseaux tout mignons lut cet article et rit beaucoup. Elle avait beaucoup de temps à elle, aussi elle écrivit à l'oiselle pour lui dire que son article l'avait faite glousser, et lui parler de son expérience de mère poulette au pays des petits oiseaux tout mignons. Elle raconta à l'oiselle que ses poussins allaient à l'école avec une boîte contenant leur graines, qu'ils devaient manger froides, ce qui était très étrange pour des petits poulets tricolores. Elle précisa que dans les écoles de chez elle, au pays du coq, il y avait des mangeoires scolaires, où les poussins mangeaient un repas chaud en prenant leur temps, tout en pépiant tranquillement avec leur camarades.
La poulette développa ses idées dans une grande lettre, l'oiselle lui répondit gentiment et on s'en tint là.
Mais un mois plus tard, la poulette reçut un courrier lui annonçant qu'elle avait gagné le prix de la lettre du mois! L'oiselle toute mignonne avait fait publier son caquetage écrit (sans lui demander son avis…) et en récompense, lui envoyait… des litres et des litres de bon jus de chenille.
La poulette bien ennuyée se demanda ce qu'elle allait faire du jus de chenille car elle avait une sainte horreur de cela. Elle essaya de le faire boire à ses poussins qui y trempèrent à peine le bec.
Enfin, à force d'y faire goûter les poussins de ses copines cocottes, l'un d'eux trouva le jus de chenille à son goût et elle put enfin faire disparaître son malencontreux cadeau.
La poulette se jura bien de garder son bec clos désormais, même si les petits oiseaux tout mignons racontaient des histoires drôles sur le pays des coqs et des poulettes.
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