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Quand c'est noir, c'est que c'est cuit!
26 septembre 2007

Des nouilles, des nouilles, des nouilles! (et des patates)

Comme le clamait si bien Anne Sylvestre, voilà un plat qui plaît toujours, surtout aux petits. Les grands finissent par trouver cela lassant, mais quand on est aussi bien équipé, comme nous l'avons été pendant les deux dernières semaines, l'eau bouillante et le paquet transparent qui crisse sous les doigts, rendent des services inappréciables. Evidemment, je pourrais évoquer le calme de ce pays lorsque l'on choisit de prendre ses vacances en-dehors des congés scolaires, la beauté des paysages et le vide des routes seulement peuplées de cadavres d'opossums écrasés, probablement avec délices, par de précédents véhicules. Nous n'en avons eu aucun, préciserais-je. Mais les grandioses panoramas de Nouvelle-Zélande ont maintes fois été révélés par de plus poétiques plumes que la mienne ne s'efforce de l'être, aussi je me contenterai ici d'évoquer les aspects prosaïques de notre expédition. C'est plus récréatif. Notre premier refuge dans la Bay of Islands (île du Nord), non content d'être spartiatement équipé de radiateurs qui couraient après les prises pour les brancher (le fameux sens écossais de l'économie?), offrait un minimum d'équipement dans sa partie cuisine. A première vue, l'abondance de placards aurait pu augurer d'une multitude de récipients de toutes tailles, d'une kyrielle d'outils à but culinaire, d'un débordement de vaisselle digne d'une table diplomatique. J'ai rapidement déchanté, me retrouvant à la tête de cinq assiettes, du même nombre de couteaux et fourchettes, de quatre verres à eau et de deux verres à pied. Notre réputation de pochards nous avait peut-être précédée, suggérant que Monsieur P. et moi partagerions sans doute avec modération le même verre à eau, tandis que nous nous enfilerions de sérieux gorgeons d'un petit vin du Marlborough de derrière les fagots. Il a d'ailleurs fallu réclamer un tire-bouchon, cet accessoire manquant cruellement au Victorinox familial, d'autant que nous avons adopté la coutume locale en matière de fermeture de bouteilles: en effet, celles-ci sont le plus souvent capsulées, c'est bien commode quand on est une faible femme et qu'on veut néanmoins boire un coup. Manque de chance, nous avions inconsidérément acquis un vin bouché. Il est vrai que les vacances sont une affaire sérieuse: on n'est pas sorti de chez soi pour concocter des filets en croûte, des lapins à la Royale ou du potage Du Barry. Deux casseroles de taille différente suffisent amplement à la ménagère en vadrouille, d'un diamètre respectif de douze et huit centimètres à vue de nez. J'ai expérimenté la cuisson des pâtes à la pilaf, essai intéressant quoique peu convaincant. Mais si on ne peut pas mettre à la fois l'eau et les nouilles, on fait comment? Surtout si la plus grande des deux casseroles est convertie en saladier, ce qui me fait soupçonner de plus en plus nettement que la laitue ne semble servir par ici qu'à faire brouter les lapins et à mettre du vert au milieu des hamburgers. Parce qu'il n'y avait pas non plus de saladier. Et quand Monsieur P. m'a rapporté le produit de sa pêche (il est spécialisé dans le poisson le plus cher du monde, celui qu'on pêche pendant les sorties en mer sur un bateau spécialement affrété pour cela, mais il est tellement fier de nourrir sa famille), le très serviable tôlier m'a gracieusement prêté une vraie poêle. Monsieur P. a procédé à un petit réajustement technique (un coup de genou dans le fond de l'engin procuré, un tantinet bombé) et nous avons dégusté du tarakihi arrosé d'un filet de citron, issu d'un fruit gentiment offert par le tenancier, qui me l'a donné en prenant un air gourmand et confidentiel: "Le poisson avec du citron, vous verrez, c'est délicieux!". Son regard était si clair et innocent que je n'ai rien pu émettre d'autre qu'un très sincère remerciement. On a gardé ceux que j'avais achetés pour une autre pêche. Le pompon de la désolation en matière d'équipement, à la limite du sketch, on l'a découvert ailleurs. Un délicieux chalet nous a accueillis sur les hauteurs entourant un lac de l'île du Sud. Une fois le poêle à bois mis en route et la température réhaussée à un honnête 17°, j'ai ouvert les placards. On se serait cru aux puces de Montreuil. Cela dit, malgré l'aspect bigarré et la variété des assiettes, il y avait au moins de quoi mettre un couvert. Et le logis comportait un lave-vaisselle. Celui-ci avait d'ailleurs une vie propre, jouissant d'une autonomie surprenante dès qu'on le mettait en marche, vidant à son idée la lessive et effectuant plusieurs fois le tour de la molette de programmes une fois lancé. Nous avons vécu une soirée inoubliable, à déguster un petit foie gras égaré dans ma valise, sur des assiettes chat, chien et vache, et à boire un bon petit vin doux du coin accompagné du son inimitable qu'émettent les verres à pied en plastique quand on trinque. Poc. De plus, j'ai gagné mon pari contre Monsieur P. en faisant cuire malgré ses sarcasmes, des pommes de terre plongées dans une casserole d'eau posée sur le poêle. D'accord, elles n'ont été prêtes que pour le repas du lendemain, mais on les a regardées mijoter toute la soirée. Ça nous a bien distraits. Et qui peut me dire pourquoi, dans chaque hôtel, motel ou lodge que nous avons occupés, prévus pour un minimum de cinq personnes mais offrant au moins huit couchages, il n'y a jamais que des grille-pains pour deux tartines à la fois?
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Commentaires
I
Tu es très drôle, j'ai rien à ajouter ! :o)
P
Elles sont adorables! J'ai commencé à commettre un roman, mais pffff, faut être sérieux et ordonné, c'est du boulot. Et le boulot me donne des boutons, je suis allergique. <br /> <br /> Ma petite Fraisepêche, j'ai vu dans au moins un lodge de luxe (rassure-toi, il ne s'agit pas de notre ordinaire!) un grille-pain à deux fentes, oui madame, dans lesquelles on pouvait glisser deux toasts à la fois, donc 4 en tout. <br /> Voilà un joli cadeau de Noël à demander à belle-maman, non?
C
ah ben Esperluette j'allais dire pareil!!!! je devrais être en train de bosser et je viens de m'octroyer une pause-blog-de-pimali (bon ok j'avoue, j'en ai profité pour relire deux trois post histoire de rigoler un coup et me donner du courage!)<br /> Vite la suite!!!!<br /> (et je suis d'accord avec je-ne-me-souviens-plus-qui, Pimali, tu devrais écrire un roman! Je réserve dès à présent un exemplaire!!!)
F
Où peut-on trouver un grille-pain pour six affamés? Le nôtre annonçait pompeusement trois toasts à la fois, et c'était une publicité mensongère! Les tranches (XS) doivent être partiellement superposérs pour entrer à trois dans le grille-pain!
E
Quel plaisir de retrouver ton humour et ta plume alerte surtout quand on devrait travailler et qu'on flemmarde. J'ai l'impression de lire à la lampe électrique sous les couvertures.<br /> Bon retour à l'endroit où on travaille.<br /> Esperluette
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