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Quand c'est noir, c'est que c'est cuit!
10 août 2007

Le tourteau au goat's curd

En me promenant languissamment dans les méandres de mon site de cuisine préféré, voilà-t-y pas que je découvre qu'un des meilleurs gâteaux du monde et des alentours peut se fabriquer à la maison. Ah bon? On peut confectionner soi-même ce qu'on trouve au supermarché? Tout n'est pas uniquement conçu, élaboré et fini par des robots? Et cuit emballé dans son papier aluminium? Et même qu'une dame a tenté l'expérience chez elle et que c'était bon, aussi bon qu'au supermarché. Il s'agit d'un de ces gâteaux qui ont bercé mon enfance, que ma Mamie du Poitou achetait pour le quatre heures, et certainement un de ceux qui ont décidé de mon orientation culinaire. Il est tout noir. Tout brûlé dessus. Et le bonheur de ronger la croûte carbonisée, sans se préoccuper de savoir si le noir donne le cancer (une invention des diététiciens, ça) est inénarrable. Il a fallu me mettre en chasse de l'ingrédient principal du tourteau fromagé (ou fromager, je ne suis pas certaine de l'orthographe, mais ça ne se sent pas à la dégustation), c'est à dire le fromage de chèvre frais. Le problème avec les anglo-saxons, et je ne dis pas ça pour vexer, mais c'est la réalité, c'est qu'ils ont une aversion certaine pour les aliments qui ont du goût. Du parfum. Voire du fumet. Le rayon fromage semble avoir été vaporisé soigneusement au déodorant, il ne s'annonce pas, il se visite. Munie d'une bonne paire de lunettes, j'ai examiné de près les pots bien fermés qui s'offrent à la vente: j'ai déniché en fin de compte quelque chose qui pouvait s'approcher du fromage de chèvre: en grosses lettres, il y avait marqué "Summerlee", (j'accepte toute traduction) et en tout petit "goat's curd". IMG_3761 Goat: la piste était bonne. Ça veut dire "chèvre", j'ai quelques restes en vocabulaire animalier. "Curd" était moins net, pour moi ça représente une pâte au citron bien sucrée faite avec douze jaunes d'œufs aux cent grammes, une magnifique réalisation anglaise que j'affectionne. J'ai ainsi acquis au prix d'une semaine en pension complète au Hilton de Wellington, un pot de 250 grammes de "curd" de chèvre. Veine, c'est le poids nécessaire à la confection du tourteau. Après vérification du contenu, qui ne sentait strictement rien (c'est de la bique d'usine, élevée sur sol auto-nettoyant, probablement shampouinée tous les jours), j'ai réussi à suivre à peu près à la lettre les consignes. J'ai rencontré quelques difficultés avec la pâte brisée prônée dans la recette, surtout que lorsqu'elle a été bien abaissée (étalée, quoi), j'ai eu un mal de chien à la décoller du plan de travail. J'ai utilisé une corne (oui, la spatule molle qui sert à lécher les fonds de bols pour ne rien perdre), puis un couteau, puis mes ongles. En fait, j'ai reconstitué patiemment un fond de pâte à partir des lambeaux prélevés sur la table. Raccords quasi invisibles, comme aurait dit le cochon de plâtrier qui a refait les murs à la maison. Ah oui, un autre moment très drôle, c'est le fameux passage, qui mériterait d'être gravé en lettres d'or dans tous les ouvrages culinaires: "à présent, mélanger les blancs battus en neige au reste de la préparation, SANS LES CASSER". J'en reste sans voix. Bien sûr que ça casse, sinon comment on mélange? J'ai ajouté les blancs à mon idée. Le petit hic de la recette, c'est le moule: le tourteau a une forme caractéristique de boule vaguement ovoïde, et ne peut évidemment pas se cuire dans n'importe quoi. Tout le monde n'a pas coché la case "moule à tourteau fromagé" au moment de l'élaboration de sa liste de mariage. Et c'est encore plus dramatique si on est resté célibataire. Mais un moment de réflexion assorti d'une inspection drastique de mes placards m'a fait regarder d'un autre œil les horribles bols à déjeuner achetés par Monsieur Pim quand j'avais le dos tourné, lourds comme du plomb, d'une contenance bâtarde entre le bol standard et le saladier, absolument inutiles en temps normal. Ils sont devenus d'un coup de baguette magique des moules à tourteau. IMG_3763 Et la partie de la recette que j'ai préférée, c'est celle où, accroupie devant le four (évidemment, il est au ras du sol, on voit que ce n'est pas quelqu'un qui fait la cuisine qui a eu l'idée de le coller là), j'ai guetté le noircissement lent, progressif mais inéluctable du dessus. Et ...... Quand c'est noir, c'est que c'est cuit! Il fallait, paraît-il trente-cinq minutes pour obtenir ce résultat, j'ai réussi en une heure et demie, et je n'ai pas osé continuer plus longtemps de peur de dessécher tout l'intérieur. J'ai vraiment un four de compétition.IMG_3764
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Commentaires
C
il va falloir que je m'y essaie
V
J'adooore ce gâteau ! Je crois que je vais te piquer la recette !
L
Bravo ! il a l'air super bon. Généralement, ce gâteau a la réputation d'être dur à réussir.
M
Ca y est je viens de me mettre ton blog en favori! Heureusement qu'il y a eu ton message sur le forum! Bon, je vois que tu t'es trouvé LA recette qui correspond à ton titre de blog ;)<br /> Ils étaient bons ces gateaux?<br /> En tout cas, c'est toujours un pur plaisir de te lire et d'attendre tes nouvelles aventures!
I
Nous on sait comment c'est fait à l'intérieur,le tourteau ! nananèreeeeeeeeeee ! parce que on habite dans le pays du tourteau fromager eeeeeeeeeee ! et en plus c'est bon, très bon, hummmmmmmmmmmm !
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