23 juillet 2007
Abracadabra, fouchtra!
J'avais laissé passer la date, mais j'ai profité d'un sursaut d'activité dominicale de Monsieur Pim pour l'envoyer m'acheter LE bouquin. Au passage, notons que le dimanche, foin de règlements bizarres, de lois curieuses ou de principes élevés, tous les magasins sont ouverts, et il est revenu brandissant les ampoules achetées chez Mitre 10 (prononcez 'maillteure tin'), notre équivalent Casto, et Harry Potter dernière mouture.
J'ai été ébahie de constater que le livre, étiqueté à $55, était déjà mis en solde à $32, et ai fait part de mon heureuse surprise à Monsieur mon mari, qui s'est gaussé d'un air supérieur, m'assenant quelques vérités du style "Ah! Tu fais bien la ménagère de moins de cinquante ans, tu sais parfaitement que c'est une accroche publicitaire! 'ce livre vaut 595 francs mais je vous le fais exceptionnellement à 32 francs!', alors que le mec l'a acheté 3 francs! ". Passons. J'ai bien le droit d'être naïve, non? (Remarquons que nous parlons en anciens nouveaux francs, que nous convertissons en drams arméniens, pour ensuite trouver l'équivalent euro, avant de multiplier par l'âge du capitaine et d'Helen Clark pour le total en dollars néo-zélandais. C'est plus simple pour nous.)
Une fois le repas expédié, j'ai essayé de trouver de l'occupation pour tous afin d'avoir la paix. Pi a réclamé de lire le bouquin avec moi, mais au bout d'une demi-page, vu qu'il me demandait la traduction d'un mot sur trois, je l'ai renvoyé à ses Playmobils en lui promettant de lui passer le livre après.
Ensuite, Li est venue faire la sieste sur mon ventre. En bougeant le plus possible.
Ma, effondré dans un fauteuil le plus proche de moi, geignait à intervalles réguliers: "j'sais pas quoi faiaiaiaire!".
Monsieur Pim, imperturbable, après avoir exprès tambouriné sur la table de la cuisine jusqu'à ce que je hurle "Stooooop!" (et continué encore un peu pour la bonne bouche), s'est désintéressé de l'atmosphère ambiante pour bidouiller on ne sait quoi sur l'ordinateur.
Quelques moments de calme m'ont permis de reprendre contact avec Harry et ses copains, de retrouver à quels personnages correspondent les noms anglais, et de me plonger dans l'histoire.
Au bout de 170 pages, Pi revient à l'attaque.
- Je veux faire un gâteau.
- Nan.
- Mais c'est bientôt le goûter!
- Justement, y'a pas le temps.
En plus, à midi j'avais préparé malencontreusement une recette fielleusement intitulée "petits flans ronds" qui s'est avérée un équivalent alimentaire de la colle à bois. Ils sont jolis tout plein sur la photo, mais malgré mon estomac d'autruche, j'ai passé l'après-midi effondrée dans mon canapé, carburant au bicarbonate de soude et essayant de chasser toute idée alimentaire de mon esprit. Et j'ai suivi la recette point par point!
Je le soupçonne d'être un gâteau de régime: une fois mangé, on ne prend pas d'autre repas avant le lendemain, c'est impossible.
Pi s'est mis à feuilleter Ginette, dans l'espoir de me convaincre.
- Oh, et une mousse au chocolat?
- Beuh...
- Non, tu as raison, un gâteau.
- (beuh...)
- J'ai trouvé! s'écrie-t-il, enthousiaste comme on peut l'être à neuf ans et demi. Des îles flottantes!
- Rôôô, non! C'est moi qui vais devoir tout faire! Je lis, bon sang!
Monsieur Pim, à qui on ne demandait rien:
- Quand même, tu pourrais lui faire plaisir!
- Vas-y, toi, faire des îles flottantes!
- Non, je ne peux pas, je suis occupé.
Je demande à Pi de lire la recette, dans l'espoir qu'il nous manque des ingrédients, ce qui pourrait vider la maison de certains éléments partis faire les courses.
- Alors, il faut: 6 œufs...
- On n'en a plus!
- Trois ou quatre litres de lait...
- Hein?
- Ben y'a marqué trois, puis une barre, puis quatre!
- Trois-quarts!
- Bon, et puis 200 grammes de sucre et ... une pincée de ... poudre... adra... jen..te... Adrajante?
- Quoi?
- Non, adragante!
C'est là que la réalité et la fiction se sont rejointes. Une recherche sur internet nous a appris que cet ingrédient de sorcière est une poudre produite en Iran, à base de plantes, pour épaissir les préparations, et qu'on la connaît aussi sous le nom de poudre de dragon.
On n'en trouve plus guère, les américains l'ont boycottée, paraît-il, au profit d'autres épaississants plus ou moins naturels.
Je me demande si les Etats-Unis produisent de grandes quantités d'agar, (ou agar-agar), vu que ça semble furieusement à la mode ces temps-ci.
On n'a pas fait d'îles flottantes, Monsieur Pim a été expédié très loin acheter des œufs, les enfants ont été expulsés de mon orbite directe, et j'ai pu lire en paix.
J'y retourne, je n'en suis qu'à la moitié.
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