19 juillet 2007
Bêêêêê! fit l'oiseau
Afin de satisfaire un public exigeant, je suis repartie chez mon détaillant de produits de la mer préféré, armée de mon Canon. L'appareil photo, précisons-le, mes visées restent pacifiques en général. J'ai ainsi interrogé la charmante marchande de poisson, une fois mes filets de tarakihi emballés soigneusement dans du papier huilé.
- Dites-voir, c'est quoi cet oiseau que vous vendez, là, à côté des homards?
- C'est du muttonbird, me précise-t-elle en souriant, s'extrayant de son rayon réfrigéré pour en faire le tour et m'accompagner à côté des bêtes.
Je dois dire qu'à chaque fois que j'ai interrogé un commerçant (surtout quand je formule des demandes hors normes) j'ai toujours reçu un accueil serviable, et des explications détaillées avec le sourire.
- Oui, mais euh, ça se mange coment?
- Oh, c'est réservé aux Maori, en général, en plus pour le cuire c'est compliqué.
- Ah? Et ça a quel goût?
- Ben, pas terrible, c'est très fort il paraît!
On voit qu'elle n'a pas d'actions dans ce magasin, donc je me suis contentée de prendre une photo et de décamper.
J'ai quand même trouvé quelques renseignements plus circonstanciés, le témoignage d'un chef de cuisine britannique (oui, il y en a) qui a dû en préparer.
D'abord, en Maori on les appelle des Titi, en réalité il semblerait que c'est une sorte de pétrel. Leur chair est dure, salée avec un fort parfum poissonneux, et si on ne les prépare pas selon les règles ils ont le goût d'un poulet farci au hareng saur.
Afin d'éviter cet inconvénient, il est préférable de faire tremper le muttonbird une journée entière en changeant l'eau toutes les huit heures, et ensuite il faut le faire bouillir au moins trois quarts d'heure.
Ce n'est pas fini.
On change l'eau et on refait bouillir, et rebelote, jusqu'à ce que la chair soit tendre.
C'est à ce moment-là qu'on peut le faire griller ou rôtir. Enfin, ce qu'il en reste, parce qu'avec un pareil traitement il ne doit plus subsister grand-chose de la bestiole.
Et puis, il vaut mieux ne pas être affamé, car si je compte bien, il faut une journée de vingt-quatre heures à le faire tremper en faisant les 3-8 pour changer l'eau, plus trois ébouillantages de quarante-cinq minutes, en comptant le temps que l'eau met à bouillir, on rajoute donc trois heures, et encore une bonne heure de rôtissage car il faut procéder lentement à cette dernière opération.
Donc on doit s'y prendre le samedi matin à huit heures, pour servir son muttonbird le dimanche midi.
Je suis contente d'avoir approfondi ma recherche: une recette dans mes cordes. Quand c'est bouillu, c'est que c'est cuit.
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